Peut-être le savez-vous déjà, après douze ans passés dans notre maison de Schiltigheim, la Data Team s’est basée à Strasbourg, avenue des Vosges, dans un bel appartement aux hauts plafonds sertis de moulures, aux planchers restaurés et à l’architecture pas toujours très conventionnelle.
Newance
Atelier design
Pour notre aménagement et notre décoration nous avons fait appel au duo Newance, et le résultat est à la hauteur de nos attentes. Retour en quelques questions/réponses sur cette collaboration hyper intéressante avec Dina et Benoit.
Une présentation en quelques mots ?
Benoit : Je suis Benoit, co-fondateur de Newance.
Dina : Je suis Dina. Nous sommes architectes d’intérieur et scénographes, nous créons aussi du design de mobilier. On travaille ensemble depuis 2015.
Pourquoi avoir créé cette agence ensemble ?
D – Nous avions une vision commune qui était de travailler la matière, de toucher à la matière, de créer du mobilier dans notre atelier.
En d’autres termes c’est notre regard sur la matière et la façon dont on se l’est appropriée qui nous a réuni.
Comment abordez-vous chaque nouveau projet ?
D – Notre particularité c’est la scénographie. Pour chaque projet on essaye d’immerger les futurs utilisateurs des lieux dans cette histoire qu’on créee sur un site.
B – On plonge dans leur univers et on le met en scène.
Quelles ont été les étapes de votre travail avec Data Projekt ?
B – Dans un premier temps nous avons fait une réunion avec tous les associés de Data Projekt. Ils avaient préparé des mood board d’ambiances et de lieux qui leur plaisaient.
Tour à tour ils nous ont briefé sur ce qu’ils aimaient, à partir de là nous avons pu faire émerger un univers qui leur correspondait.
D – Oui, c’est bien ça. Au cours de nos premiers rendez-vous avec un client on réalise une prestation qui s’appelle « Étude & Concepts ». À cette étape on apprend à se connaitre et on balaye les choses que le client aime mais aussi celles qu’il n’aime pas : les couleurs, les lumières, les textures, les matières, les formes… On y aborde plein de sujets. Certains clients peuvent aussi nous faire part de textes, de phrases ou de citations qui les inspirent.
Ce qui ressortait chez Data Projekt c’est qu’ils aimaient les jeux d’arcades, le cinéma old school. Puis nous sommes allés découvrir leur Instagram, leur site internet et les références qui y figuraient.
Benoit et moi en avons ensuite parlé entre nous pour définir vers quel univers nous allions diriger ce projet et le Retrowave s’est imposé. Il s’agit d’un courant des années 2000 qui reprend les codes des années 80/90
B – Tous ces codes liés au cinéma et aux jeux vidéo des années 80/90 rentraient parfaitement dans leur univers.
D – Le Retrowave c’est un courant qui était moderne dans les années 2000 mais qui reprenait des codes retro. Ça collait parfaitement parce que l’équipe Data Projekt a une vision très moderne de sa pratique, combinée à un certain regard sur le passé.
Donc c’est vous qui avez fait émerger cet univers Retrowave ?
D – Oui, tout à fait. Notre objectif dans cette première étape était donc de consolider le concept et la direction du projet avec eux avant de décliner le Retrowave dans cet espace en travaillant avec la lumière, les jeux vidéo, le mobilier et les couleurs.
C’est vous qui avez effectué les recherches pour trouver le mobilier, les luminaires ?
D – Non, pas tout. Ce qui est intéressant dans notre pratique c’est que naturellement se met en place avec le client un processus de co-recherches, de co-création. C’est-à-dire que nous donnons une direction mais ensuite les clients s’impliquent.
Dans le cas de Data Projekt, Fabien (ndlr l’un des directeurs artistiques de l’agence) était extrêmement impliqué. Il avait déjà effectué des recherches concernant le mobilier.
Nous sommes venu.e.s avec nos idées, eux avec les leurs, et on a fait en sorte de structurer tout ça.
En revanche pour l’éclairage Benoit a fait beaucoup de recherche parce qu’il a une affinité toute particulière avec l’univers de l’électricité en général et de l’éclairage en particulier.
B – C’était une co-création avec Fabien. C’était notre référent, et lui faisait le lien avec ses associés.
D – Et comme il était très impliqué c’était super !
Concernant les références cinématographiques qui se sont greffées sur le projet (ndlr dans chaque espace de travail il y a une référence à un film en particulier associé à une citation tirée de ce dernier), le travail sur les différentes phrases c’est un projet entièrement porté par Fabien. Ça s’inscrit directement dans le Retrowave parce qu’il a fait réaliser des néons avec chacune de ces citations.
B – Et c’est d’autant plus pertinent que ça permet d’inscrire une continuité entre leur site internet et leurs bureaux.
D – Comme je l’évoquais tout à l’heure, ce qui est intéressant lorsqu’on fait un projet d’aménagement c’est d’impliquer créativement les clients. Comme Data Projekt est une agence de com, ils sont très créatifs et pour eux c’était aussi un terrain de jeux.
Avez-vous une autre particularité que votre approche scénographique et ce rapport à la matière ?
D – Une autre de notre particularité est que dans chaque projet on laisse une création originale. En d’autres termes, chaque projet donne lieu à la création d’un objet ou d’un meuble spécifique, directement en lien avec l’univers du projet.
Pour Data Projekt, on a créé deux structures lumineuses uniques. La première est située dans leur espace détente et l’autre dans la salle de réunion.
Pour celle qui est dans l’espace détente on s’est directement inspiré de l’univers Retrowave. Nous avons travaillé avec une matière que l’on adore : la tôle ondulée.
Et dans la salle de réunion, il s’agit d’une suspension qui évoque nos questionnements sur le futur au travers de la revalorisation des matériaux. Cette suspension est constituée de LEDs et de néons usés que nous avons assemblé.
Justement, pour vous l’avenir c’est quoi ?
B – De façon générale nous avons un regard posé sur l’urbain. Que ce soit l’intérieur des villes, les intérieurs des personnes qui vivent en ville mais aussi la vie extérieure.
C’est-à-dire qu’en ce moment nous réfléchissons et travaillons beaucoup sur le mobilier urbain et toute la démarche autour : comment y ramener de la verdure, du vert ? Comment se rapprocher des matériaux les plus naturels possibles ?
Ramener du vert c’est ramener de la végétation ?
B – Oui, c’est de la végétation. Et aussi comment amener de la végétation dans les intérieurs et comment répondre aux besoins des intérieurs qui sont de plus en plus petits et qui cherchent à être modulés plus facilement.
Se rapprocher des matériaux les plus naturels et s’éloigner le plus possible des modes de constructions qui font trop faux : sortir au maximum du Placo, du plastique.
D – Par rapport aux projets sur lesquels on intervient nous sommes assez pluridisciplinaires. Chaque projet nous apprend quelque chose de nouveau. Quand je dis pluridisciplinaire je ne parle pas forcément d’aménagement de bureaux, de commerces ou de particuliers, mais justement de scénographie, de mobilier urbain ou de création d’objets.
C’est notre façon de poser un regard sur la société de consommation. Nous réfléchissons dans cette direction et nous souhaitons créer et mettre en place des objets qui font aussi réfléchir à ça.